Concevoir une supply chain numérique, en accord avec les objectifs en matière de protection de l’environnement : c’est possible ? Des environnements qui mettent en commun les données de tous les acteurs de la supply chain peuvent améliorer la situation.
Supply chain numérique et durable : El Dorado ou réalité de l’Industrie 4.0 ?
Selon le groupe d’études de l’ONU pour l’environnement et le changement climatique (GIEC), nous devons amorcer à toute vitesse une transformation écologique pour réduire nos émissions de gaz à effets de serre (GES). Cette transformation doit se faire à tous les niveaux.
Si ce n’est pas maintenant, quand ?
Soyons clairs : pouvez-vous réagir de manière proactive et rapide aux perturbations tout au long de la supply chain ? Ce n’est pas une question simple : lorsque la supply chain compte des centaines de participants, il est difficile d’obtenir les informations nécessaires pour déterminer l’origine des produits, les façons dont il ont été conçus, comment les données sont traitées… Les écosystèmes de données à l’échelle de l’industrie entière semblent être la clé pour amener de la transparence dans la supply chain.
Des obstacles pour la supply chain numérique et écologique
Pour de nombreuses industries, la conception de supply chains résilientes et capables d’anticipation est l’un des plus grands défis. C’est particulièrement le cas dans l’industrie automobile. Pour l’industrie automobile, par exemple, la transition vers la production de véhicules électriques présente d’énormes défis, tant aux constructeurs comme aux fournisseurs.
Aujourd’hui, les tensions géopolitiques influencent la supply chain. Les bottlenecks d’approvisionnement entraînent une baisse des ventes. Selon l’association industrielle européenne ACEA, il y a 20% moins d’immatriculations en mars 2022 dans l’UE par rapport à l’année précédente. En tant que l’un des composants les plus importants d’une voiture, les puces informatiques en particulier sont rares. Plus récemment, il y a également eu des pénuries dans d’autres composants, tels que les faisceaux ou les matières premières, y compris le nickel et le néon. Résultat : selon le service data et information de IHS Markit, les délais de livraison des fournisseurs n’ont jamais été aussi longs qu’aujourd’hui. Les temps d’attente pour acheter certains modèles sont passés à 12 mois. Ces délais sont particulièrement longs pour les véhicules électriques.
Lorsqu’on se trouve au moment critique…
Lorsqu’on se trouve face à des événements inattendus ou causant des bottlenecks dans l’approvisionnement, l’ancienne stratégie supply chain des fabricants atteint ses limites. Bien que des réseaux d’approvisionnement très efficaces et en synchronisation aient réduit le coût de production des véhicules, ils présentent également un inconvénient : ils réduisent considérablement la capacité de réaction. Le stock est maintenu aussi bas que possible et la production est limitée au just-in-time et au just-in-sequence. Les fournisseurs produisent certains composants à l’avance, de sorte qu’une augmentation des commandes à court terme n’entraîne pas de goulots d’étranglement dans l’approvisionnement, mais pas assez pour être pleinement résilients aux événements imprévus. L’intégration limitée des installations de production locales et la diversification régionale se sont également révélées à peine adéquates pour ce type de défi. Il est maintenant temps d’apporter une plus grande transparence dans nos réseaux d’approvisionnement, afin que tous les participants qui dépendent les uns des autres soient informés de manière optimale de la situation actuelle et puissent agir en conséquence en temps utile.
Les problèmes ne peuvent jamais être résolus avec le même état d’esprit qui les a créés.
Albert Einstein
La transparence devrait être universelle et non limitée avec une supply chain numérique
La transparence des données, soutenue par tous les acteurs de la supply chain est essentielle pour trouver une solution au défi. Alors que nous entrons dans l’ère de l’économie des données, ce ne sont pas seulement de nouveaux business models qui voient le jour. Les bonnes données au bon moment et au bon endroit permettent également aux processus métier existants d’être façonnés plus efficacement. Les réseaux d’approvisionnement synchronisés fonctionnent mieux dans l’industrie automobile si toutes les parties concernées sont rapidement et pleinement informées des processus et des goulots d’étranglement, en temps réel. Ainsi ils sont en mesure d’agir de manière proactive sur la base de réelles connaissances.
La transparence est le mot clé ici. Mais l’échange de données est actuellement limité : il se termine souvent par le fournisseur direct et le prochain acheteur. Bien qu’un approvisionnement complexe peut être géré par des logiciels depuis un certain temps, l’échange de données entre les organisations est empêché par des systèmes informatiques propriétaires et incompatibles, de part de tous les acteurs de la supply chain.
Les écosystèmes de données défont les bottlenecks ?
Catena-X porte la coopération au sein de la supply chain automobile à niveau encore méconnu ; elle améliore considérablement l’accès aux données, par exemple. L’objectif de ce réseau est de créer des flux de données et d’informations tout au long de la chaîne de valeur automobile.
« Chez T-Systems, nous contribuons à renforcer la confiance et la transparence avec les dernières technologies, par exemple dans la gestion des données – deux éléments cruciaux pour atteindre l’efficacité de tous les partenaires tout au long de la supply chain, ce que les processus actuels ne sont pas en mesure de fournir »
Christian Hort, SVP Automotive de T-Systems.
Près de 100 entreprises participent désormais à Catena-X – constructeurs automobiles, leurs partenaires mondiaux, utilisateurs et fournisseurs. Cela inclut de grands équipementiers. Catena-X est le bon modèle pour le bon moment – et le nombre de demandes d’adhésion le confirme. Le réseau mondial d’affaires s’attend à plus de 1000 participants d’ici la fin de l’année.
Un pour tous…
…et tous pour un. C’est la principale préoccupation de Catena-X : un échange de données simple, efficace, souverain et sécurisé. À cette fin, les membres fondateurs de Catena-X sont parvenus à un accord sur la mise en œuvre des normes IDSA (International Data Spaces Association). L’alliance opte également pour le projet européen Gaia-X, qui met en place une infrastructure de données sécurisée et fiable et une plate-forme cloud souveraine pour l’Europe sur la base de ces mêmes normes IDSA. Catena-X attire particulièrement l’attention sur la participation active des PME, qui sont essentielles au succès du réseau. Les solutions « prêtes pour les PME » leur permettent d’accéder rapidement à Catena-X avec un investissement minimal dans l’infrastructure informatique.
Tous les yeux sont tournés vers Catena-X
Catena-X est-il un modèle pour d’autres secteurs ? Quoi qu’il en soit, c’en a bien l’air. Catena-X pourrait résoudre de nombreux défis actuels de la supply chain, et pas seulement dans l’industrie automobile. Plus il y aura d’entreprises de différentes tailles et agissant sur différentes étapes de la chaîne de valeur, plus les supply chains seront transparentes, propices à une gestion proactive et résilientes. Il ne s’agit pas de rendre toutes les données visibles ou utilisables par tous. Les participants conservent le contrôle des données fournies, ainsi que la gestion des accès concernant ces mêmes données. Certaines données pourraient également être mises à disposition gratuitement selon le principe d’Open Data.
Catena-X fournira certainement une chose : des économies en matière de coûts. Une fois connectées au réseau de données, les entreprises participantes économisent des coûts considérables sur l’achat et l’exploitation de logiciels et la mise en place d’interfaces avec les différents systèmes utilisés par d’autres fournisseurs et clients. Ce principe peut être transféré à de nombreux autres secteurs qui ont des réseaux de supply globaux, qu’il s’agisse de l’industrie lourde, du matériel informatique, de l’aviation et autres.
Preuves juridiques faciles d’accès sur toute la supply chain numérique
Deux dispositions légales actuelles montrent comment les supply chains transparentes et Catena-X soutiennent les entreprises. La loi sur la vigilance de la supply chain de 2017 en France a inspiré la Commission européenne, qui envisage d’introduire une loi comparable en matière de vigilance et droits humains dans la chaîne d’approvisionnement. La conséquence pour les entreprises : elles devront assumer la responsabilité des processus de production et des conditions de travail de leurs fournisseurs. À l’heure actuelle, pour les producteurs finaux de l’industrie automobile en particulier, cela signifierait de rassembler et étudier les données de tous les fournisseurs pour prouver le respect des règlementations. Voilà une étape qui serait considérablement simplifiée par un écosystème de données comme Catena-X. Si toutes les parties prenantes de la supply chain alimentent l’écosystème et uniformisent les données, cela réduira l’effort nécessaire pour fournir ces preuves, et ce pour chacun des membres de l’écosystème.
Pour des ECOsystèmes de données ECOlos
L’UE travaille également sur un ensemble de propositions juridiques, qui ont toutes le même objectif à l’esprit : réduire de 50% les émissions de GES d’ici 2030. En parallèle, le prix des émissions de CO₂ devrait augmenter considérablement. L’industrie automobile a déjà réagi et, du développement, de la production et de la vente à l’utilisation et à l’élimination, elle s’efforce d’atteindre la neutralité carbone, y compris les étapes de production en aval ainsi que la logistique. Les entreprises doivent fournir des preuves et certifier l’empreinte en CO₂eq de leurs produits. Il serait possible d’automatiser la preuve, dans une certaine mesure, si toutes les entreprises de la supply chain fournissaient les données pertinentes dans Catena-X. Cela réduirait au minimum les détails redoutés des mesures individuelles pour chaque entreprise.
Les ESN : pionniers de Gaia-X et Catena-X
En tant que partenaire fondateur de Gaia-X et l’un des premiers partisans de l’IDSA, T-Systems est un pionnier de ce type d’infrastructures de données décentralisées et fédérées. Avec Gaia-X, T-Systems est responsable de l’infrastructure et de la souveraineté du cloud et des données, et intègre des applications dans Catena-X. Le Telekom Data Intelligence Hub se concentre sur la configuration des espaces de données de base ainsi que sur les services de données à valeur ajoutée qui s’y ajoutent. Cela permet de fournir un échange sécurisé de données et d’assurer la souveraineté des données, la gestion des accès et la surveillance.
C’est ainsi qu’une infrastructure pour les jumeaux numériques est mise à disposition. Les digital twins permettent de simuler, de contrôler et d’améliorer les processus industriels. Des adaptateurs pour relier les systèmes d’entreprise font également leur apparition. T-Systems développe aussi l’infrastructure pour les services cloud souverains, afin que l’industrie automobile conserve sa souveraineté sur ses données au niveau de l’infrastructure et soit protégée contre les attaques de tiers.
Roadmap d’une supply chain numérique
Les consultants de Detecon Consulting façonnent activement l’architecture de Gaia-X et Catena-X. Ils assistent les participants au réseau de données avec un service de conseil en intégration Catena-X, initialement avec des questions stratégiques. Quel rôle jouer dans le réseau ? Dans quelle mesure doit-on utiliser les nouvelles opportunités numériques ? Quels cas d’usage de Catena-X implémenter ? Comment accélérer la transformation numérique et centraliser des données ? En outre, l’accent est mis sur les analyses de rentabilisation individuelles ou les impacts sur les processus de production et d’approvisionnement. En fin de compte, les problèmes informatiques techniques sont résolus, et un calendrier et une feuille de route sont créés sur la façon dont le lien vers Catena-X devrait être formé.