Impossible de traverser un aéroport ou de regarder un événement sportif à la télévision sans voir une publicité pour le Cloud computing. Mais où en sommes-nous ? À quoi faut-il s’attendre pour l’avenir ? Réponse de Timothy Chou, professeur à l’université de Standford.
Pour le Cloud computing, tout commence en mars 2000. La bulle Internet éclate, l’entreprise Concur Technologies décide alors d’abandonner le modèle logiciel traditionnel et de fournir ses applications d’entreprise en mode Cloud. N’en déplaise à ses détracteurs de l’époque, le prix de son action a depuis été multiplié par 120. La plupart des entreprises utilisent désormais des applications de CRM, ERP, RH, achats, ventes, service client, marketing et e-commerce depuis le Cloud. Et peu de DSI envisageraient d’acheter des applications d’entreprise sous une autre forme.
Quand Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, annonce en 2006 la naissance de services Cloud « de traitement et de stockage des données » – que l’on appelle aujourd’hui AWS – l’idée fait débat. Neuf ans plus tard, l’activité Cloud d’Amazon vaut plus de six milliards de dollars et se développe à un rythme effréné.
Mais avons-nous pour autant fait le tour du Cloud computing ?
Le Cloud : un marché qui rapporte encore !
En 2015, l’industrie informatique a vendu 8 millions de serveurs et 28 millions de téraoctets de stockage. Si tout ce matériel avait été vendu dans le Cloud, cela aurait représenté 231 milliards de dollars de revenus. Et bien que le marché soit en stagnation, on estime qu’il représente une opportunité commerciale de 462 milliards de dollars pour 2016.
Pour les entreprises, plus besoin de penser en termes de Cloud public, privé ou hybride, la réflexion doit se concentrer sur les services Cloud spécialisés, selon des critères de localisation, de performance et de sécurité.
Les fournisseurs Cloud tendent plus à différencier leurs offres suivant leurs caractéristiques de sécurité que de performance – celles-ci ne variant pas beaucoup d’un fournisseur à l’autre. Aujourd’hui, on pense notamment aux normes de protection des informations médicales ou financières, mais demain, des caractéristiques de sécurité plus spécifiques pourraient apparaître.
Pour des raisons géopolitiques, les prestataires de services Cloud se spécialisent en fonction de leur lieu d’implantation. Dans un monde post-WikiLeaks et post-Patriot Act, il est clair que chaque pays du G20 devra se doter de ses propres services Cloud pour le traitement et le stockage des données. Et même si toutes les problématiques politiques pouvaient être résolues demain, la bande passante n’est pas plus omniprésente qu’universellement abordable. Pour les prochaines années, les entreprises ont tout intérêt à ce que les serveurs de traitement et de stockage des données soient à proximité de la source de demande, qu’il s’agisse du siège social à New York ou du site de fabrication à Munich.
L’ère du Big data et de l’Internet des objets
La baisse rapide du coût des capteurs et des systèmes de communication annonce le début de la troisième génération d’applications, celles de l’Internet des objets (IoT). Et on parle ici essentiellement du domaine de l’entreprise : les semoirs en agriculture, les tables élévatrices dans la construction, la climatisation dans les bâtiments, les moteurs des avions, les compresseurs des plates-formes pétrolières, ou les scanners IRM des hôpitaux. Dans le monde de l’entreprise, les « objets » deviennent plus intelligents que jamais.
La croissance rapide de l’informatique client-serveur n’a pas été motivée par les tentatives (ratées pour l’essentiel) de porter les anciennes applications minicomputer et mainframe vers des serveurs Unix et des clients PC. Elle s’explique par le développement d’applications entièrement nouvelles. Et de même que la dernière génération de développements IT a apporté de toutes nouvelles technologies de connexion, de collecte, d’analyse et de middleware, on est aujourd’hui sur le point d’être les témoins d’un nouveau bond générationnel avec le développement d’applications inédites pour l’Internet des objets.
Quelle que soit notre industrie, nous n’en sommes qu’à l’aube de l’évolution du Cloud computing.